à Cirey ce 7 may 1739

Je pars demain, ou après demain pour les Pays Bas, et je ne sais q^d je reviendrai dans ma charmante solitude.
Je pars malade et ne reviendrai peut être point: Je compte sur votre amitié, quand je serois encor plus éloigné et plus malade. Je renvoye à M. Moussinot les livres de la Biblioth. du Roy. Je vous prie de vouloir bien présenter mes remercimens à l'abbé Salier.

Le Demosthene Grec est venu et je l'emporte, quoique je ne l'entende guères. J'entens Euclide plus coura^mt parce q^l n'y a guères que des présents et des participes, et que d'ailleurs le sens de la proposition est toujours un Dict. infaillible.

Pour égayer la tristesse de ces Etudes, si cepend^t il y a quelque étude triste, Je vous prie mon cher ami de m'envoyer le Janus de M. Le Franc. Il m'a donné avis q^l doit arriver par votre canal.

Si v^s avés fait quelques avances pour Mad. du Chât. M. Moussinot vous les remboursera sur le champ.

Je v^s prie de me conserver dans les bonnes grâces de m^rs Desalleurs, Dubos, Mairan et du petit nombre d'êtres pensans qui ne blasphèment point contre la Philosophie et qui veulent bien penser à moy.