1731-12-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Augustin Paradis de Moncrif.

Il faut se lever de bon matin pour voir les princes et messieurs leurs confidents.
Il n'y a pas moyen mon cher Montgriffe que quelqu'un qui arrive à midy trouve un chat à l'hôtel de Clermont. Je venois vous faire une proposition hardie, c’étoit de m'aider à travailler auprès de son altesse, pour obtenir de luy qu'il honorast nos dîners des dimanches de sa présence. Madame de Fontaine Martel disoit à ce propos

Puisse t'il sans cérémonie
Au st jour de L’épiphanie
Dîner avec les arts dont luy seul est l'apuy.
Ah s'il venoit dans cet azile
Nous ferions plus de cas d'un prince tel que luy
Que des trois rois de l’évangile!

Voilà ce que nous chantions me la baronne et moy chétif. Mais comment faire pour obtenir cette faveur? Ce n'est pas mon affaire, c'est la vôtre.

Principibus placuisse viris non ultima laus est. Vous qui savez ce secret enseignez nous comme il faut s'y prendre.

Je vous suplie par parenthèse de vouloir bien dire à madame la duchesse de Bouillon que j'ay été sept ou huit fois à sa porte pendant sa maladie, mais que je ne suis pas homme à m'aller faire écrire, aimant mieux faire mon devoir que de m'en vanter.

Adieu Titon.

Volt.