1731-01-10, de Jean Baptiste Nicolas Formont à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.

Je vous prie mon cher amy de vouloir Bien aussitost Cette Lettre Reçue vous faire informer si madlle Desalleurs, très vieille fille qui demeure je croy vers Les Jacobins, est fort malade, a Reçu ses sacremens, ou bien si elle ne seroit point morte, ce qui est La Circonstance La plus curieuse pour celuy qui me charge de cette Commission.

Voltairre a Reçu votre lettre et en a été charmé. Je ne L'ay point encor vu. Peutêtre souperaije ce soir avec Luy. Il a trouvé Comme je vous L'avois dit L'affaire d'Isis un peu Longue quoy qu'ingénieusement imaginée. Pour moy je l'ay Relue et L'ay trouvée extrêmement jolie et je La Lus hier chés mde Du Deffant où elle fut trouvée telle. Voltairre vouloit La faire mettre dans le mercure selon votre envie, mais je n'ay pas voulu et j'ay dit que je prenois La chose sur moy. En effet La pièce est trop Bonne pour être associée à un tas D'infamies qui Remplissent Le mercure, où personne ne veut ou ne doit vouloir être de son Bon gré. Tiriot m'a dit qu'il La feroit mettre Dans quelque Recueil honête.

Brutus va toujours en affoiblissant. Voltairre avoit fait Luy même une parodie de sa pièce où il y avoit de jolies choses et puis tout d'un coup, L'a Brûlée.

Le parlement s'assembla hier et fit ses Remontrances. Le 1r président ne Les fit assembler que très peu de temps avant l'heure fixée pour le départ pour la Cour afin qu'on eut moins de temps pour Les Refflexions. Ils ont obtenu de Remontrer sur Les chefs sur Les quels on ne vouloit pas d'abord Les écouter. Ainsi Les Remontrances Roulent sur Les vocations, sur La deffence qui a été faite au parlement par Lettre de cachet, de délibérer sur La déclaration et sur Les affaires nées à L'occasion ou depuis La Déclaration. Adieu mon cher amy.