[5 December 1730]
Je vous envoie la Henriade, mon cher ami, avec plus de confiance que je ne vais donner Brutus. Je suis bien malade, je crois que c'est de peur.
Je vous envoie aussi une cargaison de lettres dont je prie madelle Sallé de vouloir bien se charger. Toutes les autres qu'elle a eues sont des lettres de recommandation, mais pour moi je la prie de me recommander et je n'ai point trouvé de meilleur expédient pour faire souvenir les Anglais de moi que de supplier madelle Sallé de leur rendre mes lettres. Je vous prie cependant de lui dire qu'elle ne manque pas de voir m. Gai dont m. Rich lui apprendra sans doute la demeure. Il faut que m. Gai la présente à la duchesse de Qweensbury qui est sans contredit la personne de Londres la plus capable de lui ameuter une faction considérable. Made la duchesse de Qweensbury n'est pas trop bien à la cour, mais melle Sallé est faite pour réunir tous les partis. Made de Bolingbroke pourra aussi la servir vivement et surtout auprès de made de Qweensbury. Que ne puis-je être à Londres cet hiver! je n'aurais d'autre occupation que d'y servir les grâces et la vertu.
Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur.
V.