1717-05-21, de Marie Dagobert Ysabeau à Marc René de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson.

Je me suis transporté, monsieur, en la maison où a esté arresté le sr Arouet et la maitresse vuidangeuse qui avoit esté avertië m'y attendoit à deux heures de relevée ce jourd'huy avec ses gens.
J'ai trouvé refermée la fosse qu'elle avoit fait ouvrir hier. Je n'ai pas jugé à propose de la faire ouvrir une seconde fois par ce qu'elle m'a assuré que cette fosse estant presque pleine et surnagée d'eau il ne s'y estoit néantmoins trouvé aucuns papier et que l'on ne pouvoit entrer dedans. Elle m'a assuré aussy qu'elle avoit descendu une chandelle dans le tuyau qu'elle avoit remarqué fort net, et dans le quel il n'y avoit aucuns papiers. Cette fosse a esté rebouchée de l'ordre de la principale locataire que la mauvaise odeur incommodoit extrêmement et à l'occasion de quoy elle a perdu une ou plusieurs pièces de bierre qui estoient dans le caveau, où s'est faite la dite ouverture. Il y a toutte apparence que le sr Arouet ne convient y avoir jetté quelques lettres de femmes que par âcreté d'esprit et pour donner des mouvements inutils. Ce que je présume d'autant plus aisément que ces lettres d'un poids fort foible se seroient due trouver sur l'eau qui surmonte la matière grossière. Néantmoins si vous jugez, monsieur, qu'il soit à propose d'y faire recherche, j'estime que cela ne se pourra faire sans vuider entièrement les latrines. J'attendray vos ordres à ce sujet.

Le commre Ysabeau