Nyon le 6 de janvier 1778
Monsieur,
Le désir de l'immortalité est commun à tous les hommes.
Je viens vous prier de la donner à l'époux que je viens de perdre en faisant son épitaphe; en vous y engageant, j'aurai fait pour sa mémoire tout ce qui était en mon pouvoir dans ce triste moment.
Il était ministre dans cette ville depuis 27 ans. Ses deux fils absents retrouveraient à leur retour l'endroit où repose le corps de leur père avec une sorte de vie. Si les mœurs pures et simples, si les pleurs du peuple et les regrets de tous ceux qui l'ont connu, si la modestie la plus vraie, si le désir d'être utile, si l'empressement à obliger, si celui qui a su faire beaucoup de bien en ayant peu, si celui qui était le consolateur des malades et des affligés, si votre admirateur, si celui qui vous a loué et béni pour la tolérance dont on jouit en France et pour les secours que vous avez accordés aux opprimés, si l'honnête homme que je vous peins vous intéresse, comme je m'en flatte, jespère que vous m'accorderez la demande que je vous fais. Je ne vous demande pas d'excuse de la liberté que j'ai prise. Vous n'êtes pas un homme ordinaire; permettez cependant que je profite de cette occasion pour vous assurer, monsieur, que personne ne vous souhaite une vie plus longue et plus heureuse et n'est avec des sentiments plus respectueux que
votre &a.