10e Mars 1775, à Ferney
Monsieur,
Vous êtes aussi bon que vous êtes instructif.
Vous avez poussé la condescendance jusqu'à daigner faire chercher le plan de cette bataille que le Maréchal de Saxe n'aurait point donnée, lui qui ne voulait que des affaires de postes contre des troupes aguéries et disciplinées.
Je suis aussi confus de la peine que je vous donne, que reconnaissant de vos bontés. Je ne veux pas abuser de vôtre extrême indulgence. Je ne suis pas surpris, d'ailleurs, qu'il soit très difficile de retrouver ce plan, qui n'est pas même dans les archives de Berlin. Tous ceux, Monsieur, dont vous avez gratifié le public, sont d'une éxactitude dont personne n'avait encor aproché. Vous représentez les positions des armées avant, et après l'action, comme dans l'action même. Vôtre livre sera à jamais l'instruction des officiers, et c'est assurément un des plus beaux monuments du siècle. Pardonnez moi ces éloges puisque c'est la vérité qui les dicte.
J'ai l'honneur d'être avec la reconnaissance et l'estime la plus respectueuse
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire