1773-03-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Le vieux malade renvoie l'épitre dédicatoire corrigée.
Il sera aisé à Monsieur Cramer de déchifrer son écriture qui n'est pas si nette qu'autrefois.

Monsieur Cramer est prié de vouloir bien renvoier une nouvelle épreuve. Le tître doit être

Les Loix de Minos
avec les nottes de Mr De
Morsa, et plusieurs pièces
curieuses détachées.

On s'est aperçu que dans les titres courants on a mis simplement discours en vers pour désigner la pièce de vers de mr de La Rouliere sur les disputes. Ce titre Discours en vers, ne signifie rien.

Je ne sais ce que j'ai fait des feuilles qui suivent la Lettre R, je n'en retrouve pas une. Peut être ont elles été brûlées dans le fort de ma maladie.

J'attends l'épitre dédicatoire le plutôt qu'il se poura.

J'embrasse Monsieur Cramer bien tendrement.

Je m'aperçois tout mourant que je suis, d'un avis au relieur que je vous prie très instamment de suprimer. Celà ferait croire que les changements n'ont été faits qu'après l'infâme édition de Valade, et que je n'ai fait ces corrections que pour répondre aux critiques. Il est pourtant certain qu'ils ont été faits plus de quinze jours auparavant. Epargnez moi cet oprobre en fesant insérer par deux compagnons intelligents les cartons à leurs places. Ce sera un peu de peine mais vous me rendrez le plus grand service.

D'ailleurs, il est si ridicule de voir un avis au relieur à la suitte d'une épitre dédicatoire que celà n'est pas soutenable; enfin, c'est un plaisir que je vous demande en mourant.