1772-11-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Élie Bertrand.

Un vieillard malade, mon cher philosophe, à peine a la force de dicter que s’il peut reprendre un peu de santé.
Il emploiera tous les moments de vie qui lui resteront, à chercher l’occasion de vous servir. Le temps n’est pas favorable, parce que ce n’est pas celui où les Anglais voiagent. Je me croirais infiniment heureux si je pouvais contribuer à placer Monsieur Vôtre fils avantageusement. Le Roi de Prusse a de bonnes places à donner, mais c’est à des catholiques romains; il vient d’acquérir deux Evêchés considérables et une grosse abbaie. Je suis persuadé qu’avant qu’il soit peu le roi de Pologne sera un souverain fort à son aise, très indépendant et très soutenu. Il se trouvera à la fin qu’en ne fesant rien, il se sera procuré un sort plus doux que ceux qui ont tout fait.

Je vous embrasse sans cérémonie, mon cher philosophe.

Le vieux malade de Ferney