1770-01-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Frédéric Gabriel Christin.

Le solitaire mande au petit philosophe son ami, que l'édit pour la fondation de Versoi va paraître, alors le moment poura être favorable pour présenter la requête.
Je crois qu'il faudra en envoier des copies collationées à tous les ministres. Une affaire si délicate ne peut être jugée que dans le conseil du Roi. Il faudra craindre les oppositions de ceux qui sont intéressés à rendre éternelle la tirannie dont on se plaint. Vos ennemis sont sans doute instruits de la démarche des communautés. Il serait bon de répandre le bruit qu'on a renoncé à l'entreprise, on fraperait le coup plus sûrement. Je désire autant que vous le succès de cette affaire.

Pour la babiole des Choudens, j'ai mandé à Balleidier de faire tout ce qu'il voudrait; je serai mort avant que cette affaire soit entièrement jugée.

J'attendrai avec bien de l'impatience que vous veniez icy faire vos pâques.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami.