[c. 22 December 1767]
Monsieur les deux dissertations addressé à la Société économique de Pétersbourg pour les quelles Vous Vous interressés sont arrivée à leur destination, mais la lecture n'en sera faite qu'après mon retour vue que la plupart des membres sont absens.
Caterine Seconde a déjà de grandes obligations au Neveu de l'abbé Bazin pour tous ce qu'il met de flatteur sur son compte. Si elle savoit sa demeure elle s'adresseroit à lui pour le prier instament de l'augmenter en lui envoyant tous sans qu'il manque une ligne, tout ce qui jamais sortit de la plume respectable de son oncle et de la siene, car quelque avide qu'on soit au soixantième degré pour ses productions il est impossible qu'il ne nous en échape, perte à la quelle nous somes très sensible. Monsieur je ne connois point le neveu de l'Abbé, mais si Vous parvenés à le déterrer et à le persuader de m'envoyer tout ses écrits anciens et nouveau bien complettement, Vous ajouterés à ma reconoissance.
Il Vous paraîtra peut être étrange que je m'adresse si souvent à Vous avec toutte sorte de comissions. Vous dirés, elle n'a qu'un moyen, elle l'employe toujours et par malheur il tombe sur moi; mais Monsieur il n'est pas doné à tout le monde d'avoir une imagination inépuisable et une gayeté de vingt ans, il est plus aisé d'admirer Les talens que de les imiter, s'est une vérité universelle reconue depuis le midi jusqu'au Nord. Mais ce qui malheureusement ne l'est pas de même s'est que ce Nord aye aussi supérieurement raison que Mr Bourdillon, Professeur de Basle, vient de le démontrer. Il est vrai que l'on peut bien lui dire qu'il n'a pas raison, mais je défie de le prouver aux honnetes gens, pas même par les formalités usité de l'inquisition dont j'ai luë le manuel; et en le lisant j'ai fait la réflection qu'il est étonant qu'il y a eu des gens qui ont si peu rangé la raison de leur côté, s'est je croi ce qui a fait choir plus d'un édifice. Quand je dis la raison j'entens la saine raison, car ses gens là avoit la leur sans doute, qui les amenoit au délire de l'iniquité et de l'injustice. Dieu veuille préserver un chaqu'un de cette raison là. Vous jugés bien Monsieur que l'on éloigne de la Russie dans ce moment le malheur d'en établir de pareille.
Je doit rendre justice à la Nation, cet un exellent terrein, sur lequel une bonne graine prend bien vite, mais aussi il nous faut des axiome incontestablement reconnus pour vrais. Tout autre trouvera à qui parler, quand la traduction française des principes qui doivent servir de base à nos nouvelles loix sera achevée. Je prendré la liberté de Vous l'envoyer, et Vous verrés que grâce à de pareils axiome cette pièce a obtenu le suffrage de ceux pour qui elle étoit composée. J'ose tout augurer de la réussite de cett important ouvrage vuë la chaleur dont chaqu'un est rempli pour cette confection. Je pense que Vous Vous plairiés au millieu de cette salle où l'ortodoxe assis entre l'hérétique et le musulman écoutent tous les trois paisiblement la voix d'un idolâtre et, ce concertent souvent tout les quatre pour rendre leur avis supportables à tous. Ils ont si bien oublié la coutume de se griller réciproquement que s'il y avoit quelqu'un d'assés malavisé pour proposer à un député de bouillir son Voisin pour plaire à l'être suprême je répons pour tout qu'il n'y en a pas un seul qui ne répondroit, Il est home come moi, et selon le premier paragraf de l'Instruction de s. m. I. nous devons nous faire le plus de bien possible mais aucun mal. Je vous assure en honeur que je n'avance rien et qu'à la lettre les choses sont ainsi que je Vous le dis, s'il le falloit j'aurai 640 signatures qui témoigneroit de cette vérité, celle d'un Evêque à la tête. Au Midi l'on dira peut être quel tems, quels mœurs, mais le Nord fera come la Lune qui va son chemin. Soyés assuré monsieur de l'estime et de la considération particulière et inaltérable que j'ai pour Vous, Vos écrits et Vos belles actions.