1767-04-20, de François de Chennevières à Voltaire [François Marie Arouet].

M. le chevalier de Rochefort est à présent, mon illustre ami, avec sa brigade à Châlons en Champagne.
Je lui ai fait parvenir votre lettre à Paris avant son départ, et je lui vais communiquer votre dernière. C'est un homme qui vous est bien attaché et qui vous rend bien justice.

J'ai lu les Scithes. On ne saurait mettre cette pièce en parallèle avec Zaïre, Alzire, Mahomet et Mérope: mais on y trouve des traits qui caractérisent l'auteur; bien des gens la critiquent: mais tous conviennent qu'il y a des beautés. Vous savez l'envie règne toujours, encore plus sur le Parnasse qu'ailleurs. Je m'imagine voir la gloire l'écraser d'une main et vous couronner de l'autre.

Il me paraît que les troubles de Genève vous mettent bien mal à votre aise; il faut pourtant que cela finisse: ce qui me fâche, c'est qu'ils dérangent et reculent mon voyage et le plaisir que j'aurais de vous embrasser, et de vous aller renouveler ainsi qu'à l'aimable nièce, les assurances de mon attachement et de mon respect.