1767-04-06, de Catherine II, czarina of Russia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, J'ai reçuë Votre lettre du 24 févreier, où Vous me conseillés de faire un miracle, pour changer le Climat de ce pays.
Cette Ville çi étoit autrefois très accoutumés à voir des miracles, ou plutôt les bonnes gens prenoit souvent les choses les plus ordinaires pour des effet merveilleux; j'ai luë dans la préfaçe du Conçile du Tzar Ivan Basilewitz, que lorsque le Tzar eut fait sa confession publique, il arriva un miracle, que le soleil paru en plein midi, et que la lueur donna sur lui et sur tout les Pères rassemblés; notés que ce Prince après avoir fait une confession générale à haute voix, finit par reprocher dans des termes très vifs au clergé tout ces désordres et conjura le conçile de le corriger lui et son clergé aussi. Aprésent les choses sont changés, Pierre le grand a mis tant de formalités pour constater un miracle, et le sinode les remplis si strictement que je crains d'exposer celui dont il Vous plait de me charger avant Votre arrivé. Cependant je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour procurer à la Ville de Petersbourg un meilleur air; il y a trois ans qu'on est après à saigner les marais qui l'entourent par des canaux, à abattre les forêts de sapins qui la couvrent du midi, et déjà aprésent il y a trois grandes terres occupés par des Colons là où un home à pied ne pouvoit passer sans avoir de l'eau jusqu'à la ceinture, et les habitans ont semé l'autone dernière leur premier grains.

Come Vous paroissés, Monsieur, prendre intérêts à ce que je fais, je joins à cette lettre la moins mauvaise Traduction française du Manifeste que j'ai signée le 14 Décembre de l'année passée, et qui a été si fort estropiées dans les gazettes d'Hollande, qu'on ne savoit pas trop, ce qu'il devoit signifier: en Russe s'est une pièçe estimé, la richesse et les expressions forte de notre langue la rendu tel, la traduction en a été d'autant plus pénible. Au mois de Juin cette grande assemblée comencera ses séances, et nous dira qu'est ce qui lui manque, après quoi l'on travaillera aux loix que l'humanité j'espère ne désaprouvera pas; d'ici à ce tems là j'irai faire un tour dans différentes Province le long du Volga, et au moment peut-être que Vous Vous y attendré le moins, Vous recevrés une lettre datté de quelque bicoque de l'Asie. Je serai là come partout ailleurs rempli d'estime et de considération pour le seigneur du Château de Ferney.

PS. Le Comte Schouvallow m'a montré une lettre par laquelle Vous lui demandé Monsieur des nouvelles de deux écrit envoyé à la soçiété économique de Petersbourg. Je sai que parmi une douzaine de mémoires qui lui ont été envoyé pour résoudre sa question, il y en a un en Français qui est addressé par Schaffouse. Si Vous pouviés m'indiquer les devises de ceux pour les quels Vous Vous intéressé je ferai demander à la soçiété si elle les a reçuës.