1766-09-20, de Barthélemy Chirol à Cesare Bonesana, marchese di Beccaria.

Monsieur,

Je reçois dans ce moment avec autant de plaisir que de satisfaction la Lettre obligeante dont vous venez de m'honorer du 16e Courant, et à la quelle je me fais un devoir d'y répondre d'abord, pour vous donner avis que je viens de remettre à la Poste par ce Courier un exemplaire du Comentaire de votre Ouvrage sur les délits et les peines par Mr l'Avocat Cristin de St Claude, Juge des Terres de Mr De Voltaire et aidé par mr De Volte chez qui il est logé depuis environ une Année.

Quant aux Lettres de Mr De Voltaire à ses amis du Parnasse& de son Recueil Nécessaire, je ne puis vous les envoyer par ce courier, parce qu'outre qu'ils formeroient un paquet un peu trop gros pour être remis par la Poste, nos directeurs se font un peu de peine de les recevoir, mais je tâcherai de vous les envoyer par les Couriers suivans, surquoi vous pouvez compter ainsi que sur mon empressement pour tout ce dont vous me ferez la grâce de me demander. Je vous offre, Monsieur, de très bon coeur mes petits services, soit pour retirer vos Lettres de la Poste, que vous pourrez me faire addresser directement depuis Milan ici & d'ici à Paris, et j'aurois grand soin de les retirer et de vous les envoyer à l'addresse que vous aurez la bonté de me donner. Et dès que j'aurois reçu la note des Livres que vous devés me demander, je remplirai d'abord votre Comission & j'en ferai autant de celles que Messieurs vos amis me feront l'honneur de me donner, vous priant, Monsieur, de les assurer de mes bonnes dispositions à les accomoder.

Vous me faites bien plaisir, Monsieur, en m'apprenant que Monsieur le Marquis Morigia soit content de ma façon de négocier; je ne le suis pas moins des marques d'amitié & de bienveuillance qu'il me témoigne — je le Considère & l'honnore beaucoup, il le mérite à tous égards. C'est un digne et galant home.

Vous n'avés pas besoin, Monsieur, de vous inquietter coment vous me ferez passer la valeur des Livres que j'aurois l'honneur de vous envoyer. Lorsqu'il y aura de quoi faire une petite Lettre de Change je m'en prévaudrois sur vous si vous me le permettez, ce qui devra vous être égal — ou bien je suivrai vos ordres. En attendant de vos bonnes nouvelles, je vous prie d'agréer les sentimens d'estime & de Considération avec lesquels j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Votre très humble & Obst serviteur

par Procure de Mr Claude Philibert Bmy Chirol