1765-02-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Je n'ai eu, Monsieur, nulle nouvelle de mrs Lamain et Matthieu, mais je prends beaucoup de part à la petite incommodité que mr Matthieu a dans ses chausses.
Les srs Bacle et Galline sont toujours pour moi des êtres incompréhensibles. On les a vu passer hier à Mijoux, et vous en êtes sans doute informé. Nous avons beaucoup de fusils et quelques bayonnettes, mais nous manquons de bois pour nous chaufer. Nous avons recours à vos bontés; vous avez bien voulu nous promettre de nous faire avoir des moules de bois à Sessy. Nous vous demandons bien pardon de nôtre importunité mais nous vous supplions de nous faire dire quand nous pourons envoier des voitures, ou quand nous pourons faire un marché avec ceux qui fourniront et amêneront le bois.

Un habitant de Ferney nommé Benoit L'Archevêque a acheté des bœufs vers Allamogne, il y a environ six semaines, l'un est fort malade et jette par les oreilles. On ne sait pas encor s'il est attaqué de la maladie qui règne à St Genis; nous l'avons fait visiter, et nous avons recommandé qu'on ne laissât point sortir le bœuf de L'écurie. On la parfume tous les jours. Nous espérons que le mal ne se communiquera pas.

Agréez, Monsieur, les sentiments que vous a voués pour sa vie vôtre très humble et très obéïssant serviteur.

V.