1763-07-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Adrien Helvétius.

Une bonne âme envoie cette traduction du grecà une bonne âme.

On fait ce qu'on peut de son côté pour la culture de la vigne du seigneur, et on a lieu de bénir la providence qui a fait dans nos cantons un nombre prodigieux de conversions. On ne parle plus de l'infâme qu'avec le dernier mépris, et souvent avec horreur.

Nous vous exhortons, mes très chers frères, à combattre pour nôtre foi jusqu'au dernier soupir. Ah! si vous nous aviez consultés quand vous donnâtes vôtre saint ouvrage…! Mais enfin le passé est passé; on vous trompait, on se trompait, on vous ensorcelait, on avait la démence de demander un privilège, on vous faisait louer à tour de bras de très mauvais vers, des petits génies, et de mauvais cœurs. N'en parlons plus. Songez seulement que l'infâme a fait vôtre malheur, qu'elle a toujours persécuté les Lettres, et qu'il faut l'anéantir. Vous ne pouvez vous venger qu'en rendant odieuses et méprisables les armes dont on s'est servi contre vous.

Vous devriez faire un voiage et passer chez vôtre frère qui vous embrasse. Par quelle horrible fatalité les frères sont ils dispersés, et les méchants réunis? Il y a un Omer qui mérite qu'on lui arrache la langue dont il se sert pour prononcer tant de bètises, mais les philosophes sont cléments.