aux Délices 14e f: 1761
Un tant soit peu de goute au poignet droit, mon très cher correspondant, me prive du petit agrément de vous écrire de ma maigre main.
Huile et pâté viendront quand ils pouront; made Denis, Mr De Chimène et mlle Corneille vous font mille compliments. Je ne vois point le bout de nos malheurs, mais je songe actuellement à du sucre. J'ai fait venir des Epiceries de Hollande par le Rhin; mais j'ignore s'il vaut mieux tirer le sucre de Hollande que de France; je soupçonne qu'il doit être très cher chez vous. Mandez moi je vous prie ce qui en est, et conseillez moi; c'est une bagatelle, je le sçais, mais j'aime L'Economie dans une grosse maison, celà donne l'air d'un père de famille; on dit, voilà un homme bien entendu, il fait venir vingt quintaux de sucre de Hollande quand il est trop cher en France, il fera une bonne maison.
Je n'avais pas crû que mr Tourton qui doit payer au 1er janvier, fût homme à diférer jusqu'au milieu de février; celà n'est pas d'un homme supérieur dans son Etat tel qu'il devrait L'être; en tout cas, le délai est médiocre, et j'espère bientôt boucher quelques trous. Je tâcherai en bâtissant des retraittes agréables, de ne me point ruiner. Je vous embrasse tendrement, vous sçavez à quel point je vous suis dévoüé. Mille amitiés à tout ce qui vous entoure.
V.