1760-03-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Ami Camp.

Nous n'avons point encor goûté, Monsieur, du vin que vous avez eu la bonté de nous envoyer.
On assure que ce Vin de Beaugeolois est fort bon cette année, et qu'il est de garde. Si celà est, Monsieur, je vous serai bien obligé, si vous voulez bien m'en envoyer encor quatre tonneaux; je commence à croire que Mr Tronchin ne reviendra point à Pâques comme je l'espérais. Je m'en remets toujours à sa prudence et à son amitié, pour la vente de mes éffets. Je n'en augure rien de bon, ni de la paix qui ne se fera pas sitôt, ni de Pondicheri qu'on peut nous prendre, ni de l'Amérique septentrionale, où nous n'aurons bientôt plus rien, ni de nôtre commerce maritime qui court risque d'être anéanti, ni de la campagne que nous allons faire en Allemagne contre des gens qui combattent pour leurs foyers, et contre des Anglais qui se battent trop bien. Nous avons reçu vôtre huile, nous vous remercions; nôtre ministère perdra sa peine & son huille.

V. t. h. ob. str

V.