aux Délices 25 septb [1758] partira quand poura
La lettre dont vous m'honorez monsieur marque bien la bonté de votre cœur, vous voulez bien vous souvenir d'un homme qui n'a d'autre mérite que d'avoir été infiniment sensible au vôtre, et vous avez rempli pour feu notre pauvre Patu des devoirs dont les amitiez ordinaires se dispensent.
J'ignore si mes remerciments vous trouveront encor à Turin. Je présume que vous laissez partout votre adresse, et qu'on peut vous écrire en toutte sûreté. Je vous demanderai en grâce de revoir mon hermitage au retour de vos voiages, mais c'est une chose que je désire plus que je ne l'espère. Vous me retrouverez aussi tranquile que vous m'avez laissé, et probablement je ne sortirai pas de chez moy pendant que vous courerez le monde. Vous reviendrez spoliis orientis onustus. Personne n'a jamais mis plus à profit ses voiages. Vous vous instruisez de tout en attendant que vous soyez fixé par quelque poste agréable. Il n'en est point dont vous ne soyez digne, vous avez devant vous l'avenir le plus flatteur. Vous joindrez toujours l'étude aux affaires, et par là votre vie sera continuellement et solidement occupée. Je ne connais point d'état préférable au vôtre. Il est d'autant plus agréable qu'il est de votre choix et que le Roy vous paye pour satisfaire votre goust.
Vous aurez sans doute entendu dire comme nous, de bien fausses nouvelles, que Les russes ont battu le R. de Prusse dans un second combat qui ne s'est point donné, et que les anglais ont levé le siège de Louisbourg dont ils sont en pleine possession. Le monde est composé de mensonges ou proférés ou manuscrits ou imprimez, mais une vérité sur la quelle vous pouvez compter monsieur, c'est que vous êtes regretté partout où vous avez paru, et particulièrement dans l'hermitage de v. t. h. et ob. sr
le vieux Suisse V.