1758-03-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à David Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches.

Je suis à vos ordres monsieur, mais je suis un peu malade, et j'aprends que vous avez la tête grosse comme un boissau, que vos dartres vous tourmentent plus que jamais.
En vérité vous devriez bien plustôt venir consulter Tronchin que de songer à la comédie. Polifonte, Zamore, Orosmane se portaient à merveilles. Il faut avoir soin de sa santé préférablement à tout. N'abusez point de votre jeunesse et de votre force. Pardonez à la liberté avec la quelle je vous parle. Il est impossible de ne se pas intéresser vivement à vous. Venez voir Tronchin, nous retournerons ensemble à Lausane. Si en recevant ma lettre vous êtes mieux, et d'un mieux à ne pas craindre de rechutte, mandez le moy je vous en prie, et si vous êtes en humeur et en état de répéter et de jouer, je partirai avec made Denis à la réception de vos ordres. Mais au nom de dieu ne négligez pas votre santé.

V. t. h. ob. s.

V.