1757-12-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Théodore Tronchin.

Ne viendrez vous pas mon grand homme avec la véritable philosophe dans mon hermitage dimanche?

Je ne connais point l'article Geneve de l'enciclopédie. Je sçais seulement qu'il y a quelques tracasseries particulières entre mr Dalembert et un jeune homme d'esprit de cette ville reçu ministre.

Je peux vous assurer que je ne me mêlerai pas plus de ces fadaises que je ne me suis mêlé de touttes les sottises qu'on a imprimées dans des mercures suisses et germaniques. Touttes ces misères là sont anéanties au bout de quinze jours. Mon secret est de ne les pas lire. Il est vrai que je n'ay pas toujours été si sage. Mais il aurait fallu être impassible pour voir de sang froid le Siècle de Louis 14 imprimé avec des notes scandaleuses débité dans toutte l'Europe.

Je ne sçais pas s'il est dit dans l'enciclopédie que vos prêtres ne croient qu'un seul dieu. Auront ils la lâcheté de répondre qu'on les calomnie? C'est leur affaire. Ce n'est pas sûrement la mienne. Il suffit que Breslau soit pris. Tuus addictissimus.

V.