1757-01-30, de [unknown] à Voltaire [François Marie Arouet].

Pierre d'Amien est interrogé fréquemment & longuement: il n'est plus permis de douter qu'il n'ait des complices.
La Lettre adressée à monsr le Dauphin est très vraye, vous pouvés compter là dessus.

L'on lui marque dans cette Lettre que sa vie est en danger, qu'il ne lui sera pas difficile de se garantir du fer, mais qu'il n'a d'autre moyen d'éviter le poison qu'en se servant de la poudre renfermée dans la Lettre. L'on a fait éssay de cette poudre; c'était le poison le plus subtil. Des consuls de la ville ont reçu aussi une Lettre dans ce goût dattée de Strasbourg. Je ne puis revenir de pareilles abominations. Nôtre siècle ne vaut pas mieux que les autres.

Il est vrai que L'assassin n'a pas parû proprement un fanatique, mais ce qui explique celà, c'est qu'il n'est point décidé qu'il n'ait pas espéré de se sauver, & il y a même apparence du contraire.

L'on débîte cent choses nouvelles tous les jours, tout devient intéressant. Il semble que tout à raport à l'affaire principale qui occupe tous les honnêtes gens. La Bastille est pleine. L'on y a renfermé encore une dame du Mekelbourg, mais elle doit sortir aujourd'hui. Il s'agissait d'une Lettre au sujet du roi de Prusse & d'un autrichien; L'affaire est manquée, & elle n'a aucun raport aux affaires d'ici &c.

Le Roy de France vient de changer de ministres. On croit que l'abbé de Berni, qui a signé le traitté de Vienne, aura les affaires étrangères.