1755-04-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je vois, Monsieur, que je ne peux jamais vous écrire que pour vous remercier.
Nous recevrons sans doute vers le 3 ou le 4 may les nouvaux envois que vous voulez bien nous faire. Madame Denis est bien sensible à vos bontés. Le barbouilleur a reçu les brosses que vous honorez du nom de pinceaux. Les treillages qui soutiennent nos beaux pêchés, attendent le verd-de-gris, et se recommandent à vous. Je vous assûre que nous avons bien de la peine. Je suis prêt de tout abandonner quand je me porte mal, et dès que je souffre un peu moins, je me remets à l'ouvrage. Nous en avons au moins pour quatre mois encore: ce sont de petites choses et de grandes dépenses, des détails qui absorbent le temps et qui déssèchent l'esprit: il y a bien loin de-là à Zaïre. Les contradictions perpétuelles que j'éprouve dans ces travaux désagréables, ne contribuent pas à raccomoder ma santé; mais votre amitié et vos soins officieux me consolent et m'encouragent. Je vous embrasse et suis pr jamais v. t. h. et ob. serv.

Voltaire