à Riquewir, le 21^e févr. 1755

Monsieur!

Je réponds à La lettre que vous m'avés fait L'honneur de m'écrire le 18^e de ce mois….

Il paroit, Monsieur, que M^r de Voltaire ne se souvient plus de ce qu'il m'a promis tant verbalement que par lettre. Vous avés fort bien fait, Monsieur, d'avoir répondu à son Banquier à Genéve que La somme qu'il demande n'étoit échuë que le p^r du mois d'avril prochain, terme avant lequel je ne luy payerai rien. D'ailleurs étant chargé de ne débourser le sol pour ses rentes qu'après qu'il sera constaté qu'il est en vie, je vous prie, Monsieur, d'avoir La Bonté, de rien payer pour ces rentes jusqu'à ce que j'aurai L'honneur de vous le marquer.

J'ai dit aud^t M^r de Voltaire étant à Colmar que pour le dispenser quant à présent, de m'envoyer des Certificats de vie, desquels il m'a témoigné d'avoir de la répugnance, il ait à m'écrire une Lettre de sa main muni de son Cachet au bout de tous les 6 mois ensuite de quoy je le satisferai selon les ordres qu'il me donnera en sorte que tandis que je n'aurai reçu de ses nouvelles du mois d'avril prochain je n'oserai luy payer le quartier qui sera échu le p^r dud^t mois.

Si vous luy écrivés Monsieur, je vous prie d'avoir La Bonté de le luy marquer, ne pouvant pas luy écrire moi même, ignorant L'Endroit où il demeure.

J'ay L'honneur d'être avec un respectueux et inviolable attachement

Monsieur.