A Strasbourg ce 22 7^b 1754

Monsieur,

Je répond à la lettre dont vous m'avez honoré le 19^e.
Si vous voulés remettre à m^r de Voltaire une lettre de change sur moi paiable au 20 8^bre de la somme des 7031^lt 5^s je la lui paierai et vous procurerai sa décharge en son tems, moyennant que vous me teniéz compte de l'interrêt au demi pour cent par mois à compter de ce jour. Je vous fais cette proposition parce que je me réserve sur ces sortes de choses le droit d'une provision marchande que les commerceants mème s'entrepaient mutuellement, & dont je ne crois pas devoir faire grâce à des Princes souverains. Je vous laisse donc le maitre, ou d'agréer ma proposition cy dessus, ou de me tenir compte de laditte provision d'un demi pour cent une fois payé & de ne compter avec moi pour raison de l'interrêt que du jour que je paierai M. de Voltaire, jusqu'au remboursement que vous m'en ferés entre ci et la fin de décembre prochain, Si M^r de Voltaire agrée vostre lettre sur moi, pour fin d'octobre, Comme je n'en doutte point. Il n'en coûte pas plus au Prince que si vous aviéz emprunté aujourd'hui.

Je vous embrasse et ay l'honneur d'estre avec attachement

Monsieur

Votre très humble & très obéissant serviteur
Jean de Turckheim