17 janvier [1754]
Je vous avoue, mon cher milord, que je me fais une secrète joie de vous revoir; pour plus de sûreté votre frère vous marquera un itinéraire dont je crois que votre prudence fera son profit.
On dit que le Cäpten n'honorera pas cette année son peuple chéri de sa présence; en ce cas, nous pourrons nous arranger ensemble sur votre départ.
Nous avons ici une fould d'Anglais, mais je ne vois parmi eux aucune semence des Chesterfield ni des Bolingbroke; ils logent chez m. Cari et ils vont à Hénouvér.
Le fol s'est dit mort et s'est fait annoncer comme tel dans les gazettes; cela lui a valu l'épigramme que je vous envoie pour vous amuser:
Malheur à l'auteur de l'épigramme, si le poète le découvre; ce serait alors qu'il ferait des Akakia. Mais l'épigramme ne risque rien entre vos mains. Adieu, mon cher milord, je vous embrasse de tout mon cœur, en vous souhaitant santé, prospérité et vie.
Fr.