d'auprès de Strasbourg 14 7bre 1753
Je réponds bien tard mon ami et en vile prose à votre aimable lettre chamarrée de jolis vers, et c'est encore beaucoup pour moi de faire de la prose.
Je ne puis me servir de ma main. J'ai quoi qu'en disent les malintentionnés les mains si enflées que je ne puis tenir une plume. Vous vous servez très bien de la vôtre, vous peignez à merveille les gens qui m'ont achevé de peindre. Le palais d'Alcine n'était au fond qu'une retraite de bêtes farouches et Alcine, qui paraissait une belle grande dame bien faite, n'était qu'une petite vieille rabougrie.
Je ne sais pas trop quand ma santé et ma situation me permettront de venir vous revoir. Je serais bien charmé de me retrouver entre vous et ma nièce.
Pardonnez à un pauvre malade d'écrire si peu et si mal.