[c. 10 June 1749]
Je serais indigne, madame, de la confiance dont vous m'avez honoré, si je ne vous disais pas la vérité.
Il y a de belles choses dans le discours. Mais la première et la troisième partie doivent être entièrement refondues.
L'intérêt que je prends à tout ce qui vous regarde et celui que m'a inspiré m. l'abbé d'Arty m'ont fait lire l'ouvrage avec une grande attention, et m'obligent de vous dire qu'il se ferait un très grand tort s'il le débitait, je ne dis pas tel qu'il est, mais tel qu'il l'aurait corrigé en conservant les fondements vicieux de la première et de la seconde partie. J'ai poussé la hardiesse de mon zèle jusqu'à mettre en marge ce que je vous dis ici. J'ai hasardé de lui déplaire, et je n'ai songé qu'à le servir.
J'ai l'honneur de vous renvoyer son panégyrique, en vous suppliant de lui dire la vérité aussi fermement que je prends la liberté de la lui dire.
Il ne peut reculer. Mais il vaudrait mieux manquer de parole que de s'annoncer dans le monde par un ouvrage qui ne répondrait pas aux talents et à l'esprit de l'auteur. Il n'y a pas un moment à perdre. Il faut travailler avec le plus grand soin, et presque en tout sur nouveaux frais.
Il serait nécessaire que je pusse demain avoir l'honneur de parler à m. votre neveu, en venant souper chez vous. Je suis prêt à lui donner tout mon temps: il disposera du peu de temps que j'ai encore à rester à Paris. Je le croirai très bien employé, si je vous donne une marque de mon zèle et d'un attachement dont ma hardiesse doit vous prouver la vérité.