1740-01-11, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Johann Bernoulli.

Vous me deués bien des réponses Monsieur mais ie ne laisse cependant pas de v͞s Escrire p͞r v͞s donner auis de l'occasion du monde la plus heureuse p͞r moi puis que ie puis espérer de v͞s voir plutôt que ie ne comtois, et d'une façon plus comode p͞r v͞s.
Mr du Chastellet est obligé d'aller faire vn tour à Cirey p͞r ses affaires. Il ne sera qu'une quinzaine de jours, et de là il reuient icy. V͞s pouriés v͞s rendre à Cirey et il v͞s ramèneroit icy dans vne chaise à deux. Ce sera p͞r le comencement de féurier. Si cet arangement peut v͞s conuenir il me fera vn plaisir infini, si cependant il ne v͞s étoit pas agréable v͞s este le maitre d'en prendre vn autre. J'aurai le tems de receuoir votre réponse, et celui de v͞s mander le tems auec plus de précision. J'ay bien besoin monsieur de votre présence et de votre amitié p͞r me faire oublier les indignes procédés de Koenig. Ie v͞s en ferai juge quand i'aurai l'honneur de v͞s voir. Ie me flatte que ses propos n'auront point changé les dispositions fauorables où v͞s estiés p͞r moi. I'espère que v͞s trouuerés que ie les mérite, et ie ne perdray assurém͞t aucune ocasion de vous marquer l'estime et la parfaite considération que i'auray p͞r v͞s toute ma vie. I'espère y joindre l'amitié et ie serai toujours plus que persone au monde Monsieur Votre très humble et très obéissante seruante

Breteüil du Chastellet