1739-07-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Laurent François Prault.

Depuis que j'ay vu la nouvelle édition de Ledet je suis plus que jamais mon cher Praut dans la résolution de vous en procurer une qui vous soit utile et honorable.
Je croi que vous pouvez compter sur la protection de mr d'Argenson, comme sur mon zèle. Je serois trop fâché que les étrangers profitassent seuls de mon travail et que le libraire de Paris que j'estime le plus n'eût de moy que des offres inutiles de service. Je suis donc tout prest. Parlez, quand commencerez vous? Je vous ofre et mon travail et de l'argent.

Je ne crois pas que vous gagniez à débiter ce petit essay sur Moliere, qui n'a été fait que pour être insérer dans ses œuvres. Mr Palu m'avoit prié d'y travailler, mais quand l'ouvrage fut fait, on donna la préférence comme de raison à Mr de la Serre, qui avoit commencé avant moy, et qui d'ailleurs retiroit de son travail un profit que j'aurois été au désespoir de luy ôter.

S'il est vray que mes épîtres et le commencement du siècle de Louis 14 paroissent, je vous prie de les chercher et de me les envoyer. Au reste vous ne ferez rien qu'avec prudence et je m'en rapporte à vous. My services to yr lady. Si vous voyez le père du Sopha je suis son amy pour jamais.