28 juin [1738]
Je vous prie de suivre de point en point tout ce que je vous ay recomandé.
Il ne s'agit pas icy encor une fois, de se hâter d'imprimer tant bien que mal un roman qui n'a que quinze jours de débit. L'ouvrage en question est un ouvrage instructif qui ne peut se vendre qu'à la longue, et qui ne se vendra qu'autant qu'il sera correct. C'est ce qu'il faut dire et redire au sr Woodman de Londres.
Songez qu'icy mon honneur est joint à votre intérest, que vous avez besoin de deffenseurs contre les critiques. Il faut m'envoyer les pages des feuilles de ce misérable Desfontaines, où il en sera question. Il faudra qu'on y réponde. Je me charge de tous les présents en France et en pays étranger. Que Les 150 exemplaires bien reliez, bien corrigez soient chez l'abbé M. C'est tout ce que je veux. Il vous donnera incessament de l'argent. Vous aurez toutes les autres pièces que vous souhaitez, àcondition que vous détruirez L'opinion ridicule où l'on est que je suis l'auteur des 3 épitres, et que vous engagerez mr de la Roque, et surtout mr l'abbé Provost à publier qu'elles sont d'un jeune homme, comme en effect on me l'assure.
Je vous renvoye Mushenbrock. Nous en avions déjà deux.
Le roman de Cassandre,
4 volumes d'observations.
Je demande les mémoires de l'Académie 1735, le Menagiana, le receuil de pièces d'histoire et de littérature, chez Chaubert, les mémoires alphabétiques d'Amelot de la Houssaye, la charlatanerie des gens de lettres, l'histoire des journaux par Camuzat.
Madame la marquise du Chastelet vous enverra aussi un catalogue des livres dont elle a besoin.
Voicy une observation importante qui doit arrêter tout cours le débit de la Henriade et du livre venu de Londres.
Mr Cousin, jeune homme fort versé dans les matématiques, et qui doit venir à Cirey incessament s'est chargé du soin de vous aider à faire des corrections nécessaires. J'ay le malheur de m'être fort grossièrement mépris dans une de ces corrections. C'est au carton que l'on a fait pour la page 160, et à la page 9 de la préface. J'avois prêté le livre avec le carton et ayant gardé un nota par devers moy, (nota très mal fait aparement), j'avois cru qu'il y avoit une faute à cette page 9, ligne trois, qu'il y avoit toutte sa vitesse aulieu de la moitié de sa vitesse. Cette faute n'existe pas, ainsi il faut bien se garder de mettre six fois son diamètre au lieu de trois fois son diamètre. Cette page est bien, il n'y faut rien réformer, et j'écris à mr Cousin en conformité ce qu'il faut dire à Woodman.
En récompense si cette page de la préface est bien le carton, 160, est mal. C'est ma faute. J'en demande pardon. Il faut en faire une autre. Je le payeray. Il ne faut mettre ny trois fois ny six fois son diamètre. Il faut que vous ayez la bonté de mettre un carton nouvau que j'envoye cy joint, c'est de la peine j'en conviens mais voyla à quoy on est sujet quand on fait ses affaires de loin. Il y aura en cela un avantage, c'est qu'en retranchant quelques lignes, la page poura quadrer avec les autres. Encor une fois j'en suis bien fâché, mais la chose est indispensable. Il y a là une faute énorme de ma part, qui seule suffiroit à décrier le livre. Pardon mais c'est
Je répéteray sans cesse que le sr Woodman me fera une vraye peine s'il débite un seul exemplaire qui ne soit pas corrigé.
Je vous prie de dire à l'abbé Prevost que si je peux luy être utile, je suis tout prest, et sans compliment.
Priez le chevalier de Mouhi d'être exact à écrire à mademoiselle du Perron à Vassy.