Je ne partirai, je crois, que lundi ou mardi; il semble, ma chère, qu'on ne recule mon départ que pour me faire mieux sentir le cruel chagrin d’être dans la même ville que vous, & de ne pouvoir vous y voir.
On observe ici tous mes pas; je ne sais même si le Févre pourra te rendre cette lettre: je te conjure, au nom de dieu, sur toutes choses, de n'envoyer ici personne de ta part sans en avoir concerté avec moi; j'ai des choses d'une conséquence extrême à vous dire: vous ne pouvez pas venir ici; il m'est impossible d'aller de jour chez vous, je sortirai par une fenêtre à minuit; si tu as quelque endroit où je puisse te voir, si tu peux à cette heure quitter le lit de ta mère, en prétextant quelque besoin, au cas qu'elle s'en aperçoive. Enfin, si tu peux consentir à cette démarche, sans courir de risque, je n'en courrai aucun. Mande moi si je peux venir à ta porte cette nuit, tu n'as qu’à le dire à le Févre de bouche: informe moi surtout de ta santé. Adieu, mon aimable maîtresse, je t'adore, & je me réserve à t'exprimer toute ma tendresse en te voyant.
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