Paris, 9 septembre 1854.
Mon cher papa, Le Concours d'agrégation est terminé. Nous pourrons nous mettre en route de manière à arriver à la fin de la semaine dans laquelle nous allons entrer. Je t'écrirai au juste le jour de notre départ dès que je le pourrai faire.
Ici les blanchisseurs ne viennent à Paris qu'à des jours fixes et Marie attend le sien lundi ou mardi. Je crois donc que nous pourrons être prêts à partir mercredi ou jeudi.
J'espère que Jeanne et Baptiste seront remis : tous les deux sont dérangés et ont le dévoiement. Ils vont très bien du reste.
Nous serons assez gênés dans le voyage par nos trois enfants. Figure-toi que Madeleine nous quitte. Ses parents
lui écrivent lettre sur lettre pour qu'elle revienne à Strasbourg. Elle partira en même temps que nous. Elle en est très contrariée car elle se faisait une fête de venir à Arbois manger des raisins. Nous allons encore tenter de la garder jusqu'à notre retour d'Arbois. Dans le cas où ses parents n'accepteront pas il faudra que Virginie songe à nous trouver une fille pour le temps que nous serons à Arbois. Ne demandez personne positivement. Songez seulement à qui pourrait convenir. En écrivant le jour de notre départ je te dirai si réellement Madeleine vient ou ne vient pas.
Adieu. A bientôt.
L. PASTEUR.