1778-04-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Antoine Jean Amelot de Chaillou, marquis de Combrande.

Monseigneur,

Voicy la requête que vous m'avez permis de vous présenter au nom de Corneille, de Racine et de Moliere.
Je ne vous présente au mien que le profond respect et la reconnaissance avec lesquels je serai jusqu'au dernier moment de ma vie,

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

Monseigneur Amelot, secrétaire d'Etat aiant le département de Paris, est suplié de vouloir bien observer,

Que le nom de comédiens du Roi fut donné indistinctement par le public, quoi que le théâtre eût commencé par des Tragédies.

Que ce fut pour représenter des Tragédies que le Cardinal de Richelieu fit bâtir la salle du Palais roial.

Que le théâtre de France depuis le grand Corneille est regardé comme le premier de l'Europe, et que c'est la partie de la littérature qui fait le plus d'honneur à la nation.

Ne conviendrait-il pas que l'on affichât,

Le Théâtre français
ordinaire du Roi
représentera un tel jour, etca

Si Monseigneur approuve cette affiche, il est suplié d'en donner la permis sion à la police.