1776-04-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Lavergne Frères.

J'ignore, Monsieur, si Monsieur vôtre frère est encor à Nice.
En ce cas il doit avoir passé des jours fort agréables avec Mr De Trudaine, intendant des finances, Made De Trudaine, et Mr De L'Ille mon confrère, qui sont allés chercher la santé dans le même coin du monde. J'aurais bein dû faire ce voiage; mais je suis trop vieux pour me transplanter.

Je m'adresse à vous, Monsieur, en qualité de vieux malade. Je compte assez sur vos bontés pour vous demander vôtre protection auprès du meilleur apoticaire de Lyon. Je voudrais trois onces d'excellentes pilules de Sthal nouvellement faittes. Celà m'est plus nécessaire dans l'état où je suis qu'une Lettre de change. Vous auriez la bonté de faire remettre la petite boëte, à mon ami Mr Vasselier, qui me la ferait tenir par la poste. Je vous demande bien pardon d'une commission pareille, mais il faut avoir pitié des gens qui souffrent.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire