1776-02-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Rieu.

Donnez nous donc, mon cher ami, des nouvelles de votre santé et de celle de madame votre femme et de celle de mademoiselle votre fille.

J'ai bien des prières à vous faire. La première c'est de dire à monsieur Hennin que je n'ai point eu de réponse de mr d'Espagnac sur l'article dont il est question.

Ma seconde prière est de dire aujourd'hui à mr Cramer qu'il est absolument nécessaire qu'il vienne diner demain dimanche avec made Denis pour affaire très pressante, et tâchez, je vous en prie, d'y venir avec lui.

Ma troisième supplique est de faire entendre raison au relieur Hallé qui fait attendre bien longtemps made Denis pour des reliures.

La quatrième est de m'envoier, quand vous n'aurez rien à faire, un certificat comme quoi je suis encore en vie, quoique la chose ne soit pas tout à fait vraie, mais on peut mentir quelquefois pour ses amis.

La prière la plus pressante que je vous ferai toujours, mon cher voisin, sera de me conserver un peu d'amitié.

N'oubliez pas, je vous prie, de venir demain avec mr Cramer, toute affaire cessante.