Pardon, Monsieur, mille pardons, je ne retrouve que dans ce moment cy vôtre billet du 25 juin.
Je me hâte de réparer cette méprise et ce tems perdu. Je me hâte surtout de vous remercier de tout ce que vous me dites. Il y a longtems que je sçus l'emprisonnement du pasteur Dauphinois. Mr Pomaret m'en écrivit, et sur le champ je supliai Made la marquise de Clermont Tonnerre, gouvernante du Dauphiné, de vouloir bien interposer ses bontés et son autorité. J'ai envoié la réponse de Made De Tonnerre à Mr Pomaret.
Vous avez bien raison, mon très cher philosophe de me dire qu'il faut que j'achêve ma vie et que je meure en terre libre. Vos offres me pénêtrent le cœur, nous en parlerons plus au long quand j'aurai la consolation de vous voir.
Je viens d'obtenir du Roi de Prusse une assez belle place pour ce jeune homme que vous avez pu voir chez moi. Il n'aura pas besoin de demander des grâces en France à des persécuteurs et à des boureaux. Le sang du chevalier de La Barre retombera enfin sur la tête des monstres qui l'ont répandu.
Je vous embrasse les larmes aux yeux, mon cher philosophe.
5e juillet 1775
Celui qui vous rendra cette lettre est un peintre qui a les plus grands talents. Je le recommande à votre protection avec la plus vive instance.