22 d'avril [1772]
Sage, digne d'un autre siècle, mon cher ami, vous voilà donc secrétaire perpétuel.
C'est un titre que les secrétaires d'état n'ont pas. Il me semble qu'il y a une pension sur la cassette attachée à cette place. Mr de Condorcet m'apprend cette nouvelle, je vous pardonne de ne m'en avoir rien dit, vous avez dû être un peu occupé.
Vous ne mettrez point dans les archives de l'académie le petit conte que je vous envoie pour vous égayer. On m'écrit que Diderot est l'auteur d'un libelle contre moi intitulé réflexions sur la jalousie. Je n'en crois rien du tout, je l'aime et l'estime trop pour le soupçonner un moment.
Comment va le commerce des lettres avec les rois? Qui aurons nous cette année pour nouveaux confrères? La Harpe a donné dans le mercure une dissertation qui me paraît un chef-d'œuvre.
Mr de Condorcet dit qu'il n'a point reçu un neuvième, je l'ai pourtant envoyé à l'adresse de madame de Meulan.
Je compte que ma lettre est pour vous et pour lui. J'ai une peine infinie à écrire, je n'en puis plus. Vale amice.
V.