1771-05-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Père Adam, et celui qui écrit ce billet ont tellement suppléé à ma misère, ont si bien arrangé mes paperasses que j’ai déjà la plus grande partie de la lettre f en ordre.
Il ne faudra que cinq ou six jours pour arranger G et h, et si on est en vie pendant la belle saison tout sera prêt avant l’automne.

Si donc Monsieur Cramer peut disposer d’une presse qui aille toujours, on fournira sans difficulté à cette presse, et il poura dans moins de trois mois donner deux volumes nouveaux en attendant les autres.

On supose que les éxemplaires 4 et 5 sont chez Jacoby à qui on a commandé de belles reliures en maroquin et en veau.

J’ai tout lieu d’espérer que dans quelques mois les rigueurs nécessaires finiront en France. Le moment présent n’est point du tout favorable, et il y aurait une indiscrétion extrême à demander des grâces qu’on serait obligé de refuser, de peur de se perdre soi même. Attendez, travaillez, tout ira bien.

Le vieux malade embrasse cordialement Monsieur Cramer, Madame Cramer et Monsieur Jean Louis.

Nous n’avons, Dieu mercy, ni feuilles, ni fleurs, ni bled, ni viande; mais c’est le meilleur des mondes possibles.