1771-05-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean François René Tabareau.

Je me souviens bien, Monsieur, qu’un Espagnol qui passa à Ferney il y a quelques mois, me dit qu’il m’enverrait quelques livres Espagnols assez curieux; il me les envoie par la voie de Marseille, mais je ne les crois point curieux du tout; je crois qu’il n’y a de curieux en Espagne que Donquichote.
Le négociant de Marseille peut en toute sûreté de conscience envoier ces rogatons. Il doit savoir qu’on n’imprime rien dans ce païs là qu’avec l’aprobation du Saint office, et je serais bien fâché de lire un ouvrage qui ne serait pas muni de ce sceau respectable.

Je vous remercie de toutes vos bontés. Mr Sherer paiera ce qu’il faudra. Vôtre bibliotécaire vous est bien tendrement attaché, et compte incessamment vous faire un petit envoi qui ferait trembler la sainte hermandad.

Monsieur Vasselier en aura sa part, comme de raison. Mille tendres amitiés à l’un et à l’autre.

Le vieil aveugle de Ferney

Voulez vous bien me permettre de vous adresser ce paquet pour Rosset?