[February 1768]
La malheureuse aventure de ste Foi aiant été depuis longtemps représentée au conseil du roi sous les plus noires couleurs, a nui beaucoup à l'affaire des Sirven comme je l'avais prévu.
Les Sirven avaient été renvoiés par la commission des conseillers d'état ordinaires par devant le roi lui même pour obtenir la cassation de la sentence confirmée par le parlement de Toulouse. Mais ce parlement a représenté avec tant d'opinâtreté son droit de ressort contre les condamnés contumaces, droit en effet établi pour tous les parlements du roiaume, que le conseil a craint les mouvements de toute la magistrature. Ces mêmes considérations ont empèché de signer l'édit qui était tout prêt, pour légitimer les mariages des réformés. Il n'y a d'autre parti à prendre que celui d'attendre tout du temps. Il faudrait n'avoir que de loin à loin des assemblées publiques, et se contenter d'inspirer l'horreur pour les superstitions et pour les persécutions dans quelque petit livre à la portée de tout âge, que les pères de famille liraient à leurs enfans tous les dimanches. Les nouvelles sottises du du pape et des jesuites ouvriront tôt ou tard les yeux du ministère.