30e av: 1766
Pendant que mon Ex-jesuite se tue à forger des vers pour plaire à mes anges, je barbouille de la prose de mon côté.
Je fais une histoire des proscriptions à commencer depuis celle des vingt trois mille Juifs que les Lévites égorgèrent pieusement du temps de Moÿse, et à finir par celle des prophêtes des Cévennes, qui faissaient une liste des impies que Dieu avait condamnés à mourir par leurs mains.
Ce petit ouvrage peut être curieux, et les notes sur l'histoire romaine seront assez intéressantes. Une tragédie toute seule ne peut guères exciter la curiosité des lecteurs. Le public est las de Tragédies, surtout, depuis que madle Clairon a renoncé au théâtre.
Mes anges ne m'ont rien dit de cette fatale catastrophe. La requête de l'avocat de la comédie n'a pas plus réussi que sa consultation sur Genêve. Il est bien difficile de débarbariser son monde.
Je vous suplie mes divins anges de lire la pièce d'éloquence que je vous envoie, avec le petit mémoire qui l'accompagne. Vous verrez que j'ai à faire à des fous et à des sots qui ne savent ni ce qu'ils font ni ce qu'ils veulent. Si vous croiez qu'il soit nécessaire de faire parvenir ce mémoire à Mr Le Duc de Praslin ou à Mr le Duc de Choiseuil, je m'en remets à vôtre décision et à vos bontés.