1760-07-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

On ne peut être plus sensible que je le suis mon cher monsieur à touttes vos bontez.
Je ne doute pas que M. l'intendant ne fasse justice de la rapine des commis. Je vois que les gens du sr Sédillot imitent leur maitre. Je ne sçais pas si ce sr Sédillot est en droit de refuser communication des titres en vertu des quels il prétend que certains champs de la terre de Ferney doivent des laods et ventes au curé de Dieppe, abbé de Prevezin. Il a reçu l'argent sans montrer aucun titre et a donné pour reçu Nous baron de st Genier écuier avons reçu etc. Ce nous est du stile du roy quand il parle en son conseil. Je crois d'ailleurs que ce Sédillot n'est ny écuier ny baronà moins que par écuier il n'entende cuisinier selon l'ancien langage, et par baron il n'entende le baroné des italiens qui ne signifie pas honnête homme. On dit que c'est luy qui a fait la belle affaire des commis qui ont saisi le bled de mon fermier. Je vous supplie de me faire savoir si on ne pourait pas le désécuiser, le débaroniser juridiquem͞t et le forcer à montrer les titres à Prévesin.

Je vous remercie vous et Mr votre frère de la pancarte auvergnaque. Je vous supplie de vouloir bien présenter mes remerciments à Mr votre frère et de compter sur l'attachement inviolable de votre t. h. ob. str.

V.