1760-01-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolaus Pierron.

Le froid me tue, les neiges me désespèrent, mon cher Monsieur; mais je ne puis m'empêcher de dicter ce petit billet de malade pour vous remercier tendrement de tout ce que vous avez fait pour mon cher Colini. Comptez que vous l'avez fait pour vous même; vous vous étes acquis un ami reconnoissant, il vous est attaché pour la vie; il ne me parle dans ses Lettres que des obligations qu'il vous a.

Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de S. A. E. Réservez à Schwetzingen une chambre à cheminée pour un pauvre malingre qui fait du feu à la St Jean. J'ose croire que mon cœur est fait pour le sien, mais mon corps en est bien loin. Je respecterai et j'adorerai ce Prince jusqu'au dernier moment de ma vie.

Votre très humble et obéissant serviteur et ami.

Voltaire Comte de Tourney