1758-12-15, de Pierre Robert Le Cornier de Cideville à Voltaire [François Marie Arouet].

Vous jettés à pleines mains des fleurs sur le terrain le plus sauvage de la procédure; vostre badinage et l'agrément de vos propos est celuy d'un agréable compagnon de voyage qui trompe son heureux camarade sur la longueur du chemin.
Nous voilà presque sans s'en estre aperçu à la […].

J'ay reçu à ma métairie, illustre et cher amy, vostre Lettre du 25 9bre, la plus légère, la plus badine sur l'affaire lourde et ennuyeuse de mr. le marquis; je vous aurois répondu sur le champ si je n'avois voulu attendre sa réponse sur la somme de 12 mille livres dont il me paroissoit par vostre Lettre qu'il étoit vostre débiteur; je vous avois mandé qu'il vous ofroit mille écus, vous me répondiés que de 4 années il ne vous en offroit qu'une. Donc, je voulois de plus savoir de luy s'il persistoit a ne pas vous écrire. Enfin j'ay reçu sa réponse le 11 de ce présent mois. Elle est datée du 9. Il vous a dit'il écrit et vous luy avés répondu, il ne vous doit pas tout à fait 6000lt, il a mesme vu à Paris vostre procureur chargé de vos pouvoirs avec lequel il a arangé son très prochain payement; il va, poursuit nostre vieux et très bourgeonné petit maître campagnard, aranger un 2d payement pour la mesme année, et plutost que l'achèvement de cette rente.

Si ce sont des faits et qu'ils soient suivis de leurs exécution, vous recevrés plustost une partie de vostre argent que par la voye de la justice qui se fait mieux payer qu'elle ne fait payer ceux qui la réclame pour l'estre.