1757-10-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à George Keate.

Ah now t'is right.
Vous me donnez enfin votre adresse monsieur, et grâce à la notion que j'ay de Nandos coffée house je peux avoir l'honneur de vous écrire. Il y a environ un mois qu'un anglais ou écossais dont le nom finit en ie, passa à ma porte à Lausane, et y laissa le livre où Warburton prouve si bien pour la plus grande gloire de Dieu et l'édification du prochain, que ny Moyse ny les profêtes ne connurent jamais rien de l'immortalité de l'âme, ny du paradis, ny de l'enfer jusqu'au temps des Macabées.

Je ne pus avoir l'honneur de voir ce voiageur ny mylord Hamilton, parce que malheureusement pour moy, il alla à Geneve quand j'étais à Lausane, et que je me trouvai à Lausane quand il était à Geneve.

J'apprends aujourduy Monsieur que le Warburton avec un autre livre, est un présent dont vous m'honorez. Je vous en fais mes très humbles remerciments. Il est bien beau et bien rare de se souvenir dans son ile de ceux qu'on a vus dans le continent. Votre souvenir me flatte baucoup plus que celuy d'un autre.

Vous avez pris un temps bien peu favorable pour voir l'Allemagne, et peutêtre un temps assez triste pour retourner dans votre patrie. Il me semble qu'il y a baucoup de divisions, et les arts ne s'en trouvent pas mieux. Mais les dissentions publiques n'ont pas troublé votre tranquilité dans votre campagne. Vous devez voir tous ces orages d'un œil serain.

Illum non populi fasces, non purpura regum
Flexit aut infidos agitans discordia fratres
Nec conjurato descendens Dacus ab Istro.

Farewell good sr, live happy and do not forget yr faithfull friend

l'hermite des Délices