Tout ce qui vient de Voltaire est bon, quoique ce soient des bagatelles.
Je vous envoye, Mon cher ami, un impromptu qu'il fit chez lui à table il y a une quinzaine de jours. Nous avons à Genève depuis plusieurs semaines, un Président qui a la survivance de la Pre Présidence du Parlement de Grenoble. Il est venu avec sa femme, nièce du Card. de Tencin, pour faire innoculer un fils unique, lequel est actuellement guéri. Cette Présidente a eu la curiosité d'entendre quelques uns de nos Prédicateurs. On dit que le Jésuite et l'abbé qui disent la messe chez le Résident de France ont craint pour l'âme de cette Dame, et qu'ils en ont été inquiets. Etant un jour à dîner chez Voltaire, elle se trouva à table entre deux ministres. Ce n'était pas mr Vernet, ni aucun autre de la Vénérable Compagnie, mais de jeunes gens d'esprit qui n'ont pas encor cure d'âmes. On plaisanta sur ce que chaque secte voudroit faire la conquête de cette Dame et là dessus Voltaire dit:
Adieu, mes chers et bons amis, je vous embrasse bien tendrement.
Le 24e Octobre 1757