1757-04-20, de Baron Heinrich Anton von Beckers à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Sur la proposition que vous avés bien voulu faire à mon serme Elect. et Maitre au sujet d'un Capital à 100/m.lt que vous voudriés céder à S. A. S. Electle pour des rentes viagères pour vous et Madelle v͞re Nièçe à r͞pvé 10 et 8 p͞ Ct, mondt Auguste Maitre, charmé de cette marque de confiance, a daigné me charger de me mettre en correspondance avec vous, pour arranger, s'il est possible, ce négoce, inclinant toujours beaucoup à vous donner des preuves de son Estime, sur laquelle vous pouvés faire fond:

La grandeur d'âme de ce respectable prince, jointe à la bienveillance [dont] il est rempli pour Vous, ne lui pe[r]met point de penser au moindre [avan]tage à tirer dudt Capital, fort [diffi]cile à placer et à employer av[ec] sûreté dans cette Crise-çi:

Quant à Vous Monsieur, S. A. S. E. [ne] fait aucune difficulté de vous fa[ire] le plus exactemt payer 10 p. Ct pa[ndant] vôtre vie durant, que Dieu ve[uille] prolonger jusqu'au terme le pl[us] reculé; Il ne s'agit don[c] que de déterminer les rentes pou[r] ladte Demsllev͞re nièce, sur les q[uelles] je vous prie de vous expliquer confidamt envers moi, et de me dire sur quel pied, et en quelle[s] espèces et Lieu vous voudriés n[on] seulemt faire remettre Ce Capit[al] à S. A. S. E., mais aussi en tirer les rentes, desquelles nous pourrions Convenir; et si vous croiés quelques autres Clauses et Conditions nécessaires encore, à insérer dans nôtre convention, vous me feriés plaisir, en me les Comuniquant, pour pouvoir à la fois ajuster tout, et mettre d'abord La dernière main à l'œuvre.

Je profite avec une satisfaction très particulière de cette occasion pour vous renouveller L'assurance de la Considération la plus distinguée, avec laquelle j'ai l'hr d'être,

Monsr.