2 juillet [1754] à Senone
En réponse à votre lettre du 25 juin, je vous diray que je ne suis nullement pressé ny inquiet de la copie que vous faites, mais que je serai bien aise de la trouver faitte à mon retour dans un mois.
J'envoye à mr Schœpfling l'épître dédicatoire. Je luy ay écrit au sujet de la fausse nouvelle qu'on luy a mandée. Je le crois trop sensé pour avoir laissé soupçonner au fils du chancelier de France qu'il le croyait capable d'avoir abusé de l'exemplaire qu'on luy a envoyé. Il n'a pas entendu ses intérêts en imprimant quatre mille exemplaires. Il les entendrait mieux s'il avait des correspondances assurées.
Je luy ay envoyé un petit billet pour madame Goll dont vous ne me parlez jamais.
Vous avez dû recevoir un mot de moy par un comissionaire de Cindier. Je vous priais par ce mot d'écrit de donner au porteur un paquet de trois exemplaires du Siècle de Louis 14 et du Supplément pour Don Pelletier, curé de Senone. Je vous ay prié et je vous prie encor de me garder le paquet venu de Gotha par la voye de Mr Turkeim.Je pars enfin pour Plombiere où j'espère avoir de vos nouvelles. Je vous embrasse de tout mon cœur.
V.
N'oubliez pas d'engager de ma part mr Schœpfling de tenir la parole qu'il a donnée à mr Walther. Comment a t'il pu tirer quatre mille exemplaires quand il était de moitié avec Walther, de cette édition? Quinze cent chacun étoient tout ce qu'il fallait, 4000 me fait trop d'honneur et luy aporteroit peu de profit; je suis bien fâché que les plaisirs que j'ay voulu luy faire tournent à son désavantage.