Strasbourg le 10 février 1753
Monsieur,
Sur le premier avis donné à Berlin, d'une lettre de change de £3937 : 10 que vous m'aviez demandé, mon ami a parlé à m. de Voltaire lequel lui a fait entendre que pareille somme, réduitte en argent fort de Brandenbourg ne lui feroit qu'environ R.997 1/2 tandis que sa pension estoit de R.1050.
Surquoi on me demande des ordres ultérieurs. Mon correspondant ayant reçu peu de jours après un second avis de ma part, qui ordonne de payer R.1050 en escus neuf à 36bz relativement aux ordres de votre part, cela fera toujours pareille somme de 3937lt: 10s: & m. de Voltaire vraisemblablement fera la première observation, & ne voudra pas en donner quittance. C'est ce qui me mettra hors d'état de vous donner satisfaction qu'aprez que vous m'aurez instruit des ordres et Intentions de la Cour. Si on a paié l'année passée déjà de Ces pensions là, à m. de Voltaire, on peut savoir, si on lui a fait la remise en argent fort de Brandenbourg dont l'Escu revient à £4: de France. Si au contraire on ne lui a promis ou stipulé sa pension qu'en escus argent d'empire Il est trop heureux, si elle est payé sur le pied de 36bz l'escus double puisqu'il vaut au delà dans les Terres de Wirtemberg. Mais nous connoissons m. de Voltaire autant ingénieux en oeconomie qu'en Littérature, et vos ordres me conduiront, le fond étant Tout prêt à Berlin dés qu'on aura décidé.
Agréez en attendant Monsieur les assurances du parfait attachement avec lequel J'ay l'honneur d'estre.
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Jean de Turckheim